Charles Lancar - Ecrivain
 
 
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  Extrait...  
     
 
(...) La chambre est froide, glaciale, mais Irène transpire à grosses gouttes. Elle s’agrippe aux barreaux de cuivre du lit et pousse de toutes ses forces. Elle sent monter la vague, compte jusqu’à trois et fait : «Han !...Han... » ainsi qu’elle l’a vu faire chez elle à la campagne, alors qu’elle n’était qu’une enfant. Elle n’a d’ailleurs pas l’impression d’être sortie de son enfance. Toutes ces dernières années ont glissé sur elle sans qu’elle sans rende bien compte. Elle n’est pas concernée par ce qui lui arrive. Elle a assisté en spectatrice à tous ces événements, jusqu’au dernier qui, en ce moment même, lui taraude le ventre... Un nouveau spasme encore plus violent lui arrache un cri et la laisse pantelante. Les draps sont humides et la couverture militaire, cadeau du lieutenant Helmut Stuffer, traîne tout entortillée sur le parquet recouvert çà et là de quelques morceaux de linoléum disparates.
- Mon dieu... je vais sûrement crever !
Elle pleure de rage d’être clouée au lit, toute seule, dans cette piaule minable, de payer si cher un moment d’attendrissement. Rappel à l’ordre : un nouveau spasme ; elle crie, porte la main à son ventre, lâche un gros sanglot, respire à fond, se sent un peu mieux. Elle goûte la pause :
- Il ne m’aura pas. Je ne le laisserai pas faire. Je ne veux pas mourir !
La douleur est telle qu’elle reste pendant un long moment inerte. Nouvelle accalmie ; elle serre encore plus fort les barreaux ; il va revenir à la charge.
- Le salaud, crie-t-elle, en serrant les dents, le salaud, il me tue !
Elle crispe ses mâchoires à en avoir mal et ferme les yeux. Elle sent l’enfant qui progresse. Il avance, elle le sent qui glisse lentement, peut-être même a-t-il sorti la tête. Mais elle ne veut pas s’en assurer tout de suite et pousse... pousse encore...
Cette fois, il est enfin là, le petit salopard, entre ses jambes écartées, elle le sent qui remue. Elle tend doucement sa main vers lui, comme si elle craignait de le rencontrer : il est là, tout chaud, visqueux, encore relié à son ventre : « Qu’est-ce que je vais bien faire de lui ? »
(...)